
Décadence et probité
Le déclin de l’Occident judéo-chrétien est inévitable. Nous devrions au moins nous opposer à son remplacement par une civilisation nihiliste et post-humaine.
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Je lis et relis les textes de Hegel sur la philosophie de l’histoire et je souscris à sa lecture des dynamiques des civilisations. Il ne défend pas un modèle vitaliste car il croit moins à la Vie comme principe actif de ce qui est, qu’à ce qu’il nomme la Raison, le Concept et l’Idée qui ne sont jamais que des façons philosophiques de nommer la bonne vieille Providence chrétienne. De sorte que, quand il écrit que la Raison conduit l’Histoire il faut entendre et comprendre que c’est la Providence qui conduit l’Histoire ! Ce qui n’est guère plus philosophiquement avancé que la thèse de Bossuet dans son Discours sur l’histoire universelle. Hegel c’est Bossuet pour les idées chrétiennes et Kant pour le vocabulaire de l’idéalisme allemand !
Pour ma part, je ne crois pas à cette Providence, je suis athée, mais à la Vie, je suis nietzschéen. Nietzsche a montré qu’il y avait dans la vie une vie qui veut la vie, c’est la volonté de puissance. Elle est active dans tout ce qui est : de l’infiniment petit du ciron cher à Pascal à l’infiniment grand des cosmos de la pluralité des monde chers à Épicure.
Or ce qui vit obéit à un même schéma : naissance, croissance, puissance, décadence, sénescence et disparition. Les civilisations, comme les vies humaines, subissent cette loi à laquelle rien ni personne ne saurait échapper.
Il suffit de solliciter l’histoire pour comprendre l’Histoire : les civilisations mégalithiques ont disparu en emportant leurs secrets avec elles. Des alignements de Carnac à la structure circulaire de Stonehenge en passant par les Moaï de l’île de Paques ou les monuments Bonnanaro sardes, les témoignages ne manquent pas en faveur de ce schéma civilisationnel qui va de la naissance à la mort via la décadence. Il y a eu Sumer, Assur, Babylone, l’Égypte, la Grèce, Rome, toutes ces civilisations sont mortes. Elles ont été remplacées par l’Europe qui meurt, et sera remplacé elle aussi, bien sûr.
La décadence est donc une fatalité, elle est inscrite dans le destin de tout ce qui vit : la sénescence est la forme prise par la décadence chez un individu. Nous vivons dans cette période.
L’Occident n’étant pas réductible à l’Europe, il durera ailleurs et autrement : l’Occident c’est le monde organisé à partir du judéo-christianisme. Sa partie fortement industrialisée et hyper-technologique comporte l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis bien sûr. C’est de ce côté-là que se joue désormais l’avenir de notre civilisation dans une nouvelle civilisation qui s’en inspirera, la remplacera tout en la dépassant.
Les GAFAM veulent une civilisation du posthumain !
Elon Musk y travaille avec ses sociétés.
Les GAFAM veulent une civilisation du posthumain ! Elon Musk y travaille avec ses sociétés : Space X pour envisager le moment, inéluctable lui aussi, quoi qu’en disent les adeptes de la religion écologiste, où il faudra quitter la terre devenue invivable, dépourvue de vie végétale, animale et humaine et où le soleil explosera. Tesla est pour lui l’occasion de travailler à des batteries alternatives et à des intelligences artificielles pendant que Neuralink lui permet d’œuvrer à la production d’un Homme Nouveau, une chimère qui associe le vivant et le numérique via le puçage neuronal. Pour l’heure, il a réussi à implanter un micro-processeur dans le cerveau d’une truie nommée Gertrude, ce qui veut dire que rien de technique ne l’empêche désormais de procéder ainsi avec des humains. Un homme cyborg propulsé dans l’espace par des moteurs aux énergies inédites pilotées par des intelligences artificielles déconnectées de la terre pour…

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Dieser Artikel ist in Ausgabe 1104 - März 2023 erschienen. Er ist nur registrierten, zahlenden Nutzern zugänglich. Vollen Zugang erhalten Sie über unsere attraktiven Online- und Printangebote.
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